Les origines du nom
Le nom de Pérouges a une origine inconnue.
Toutefois, la cité serait apparue dans les écrits au XIIe, sous les appellations de « Perogiae » et « Peroges », mais aussi de « castrum de Perotgias ». A partir du XVIe, l’appellation générique est « Peroges », mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour voir apparaitre le nom moderne de Pérouges.
Certains documents assimilent le nom de Pérouges à « pierre rouge », une pierre et un lieu de sacrifice (couleur du sang). D’autres prétendent que le nom vient de Perugia, célèbre ville italienne.
Son blason historique
A titre de reconnaissance pour le courage des Pérougeards lors des Croisades, Guichard 1er, sire d’Anthon en Dauphiné, seigneur de Pérouges (XIIe siècle), leur offrit le fameux blason « de gueules, à un dragon d’or ».
Histoire
Quand on évoque l’histoire de Pérouges, on pense spontanément à la cité. Mais la commune étant une des plus étendues de l’Ain, la zone d’occupation de celle-ci est importante et les premiers établissements humains n’ont pas dû s’établir sur cette éminence. La nécropole de Croix Tombée allant du Néolithique à l’époque mérovingienne en témoigne, plaçant les premiers habitants permanents dans la plaine de l’Ain.
À quelle époque un village fortifié s’est-il constitué à l’emplacement actuel ? Faire remonter l’occupation aux Gaulois et faire dériver le nom du village de la ville de Pérouse paraît bien prétentieux. Il serait plus raisonnable de dater l’implantation actuelle autour des XIIe et XIIIe siècle et l’attribuer au seigneur d’Anthon. Un indice: la date de 1236 évoquée comme l’obtention des premiers privilèges aux habitants, date confirmée par la charte de 1343 accordée par le Dauphin.
En effet, les sources écrites d’avant 1315, passage de Pérouges et de son territoire au Dauphin de Viennois sont rares. Après cette date, les premiers comptes de châtellenie sont tenus, début d’une documentation précieuse qui monte en quantité comme en qualité à partir de 1355, date du passage au comté de Savoie. Elle permet de mieux saisir les réalités de cette châtellenie. Le petit bourg est la petite capitale administrative et commerciale de ce qui va devenir le canton de Meximieux bien plus tard.
Sur sa colline, Pérouges est le type même de la cité du Moyen Age. Durant plusieurs siècles Pérouges fut rattaché alternativement au Dauphiné, à la Savoie. Ville d’artisans où nul seigneur n’a jamais régné, la culture et le tissage de la toile étaient les deux ressources principales de ses habitants.
Au XIVe siècle, trois chartes de franchises ont été accordées à la cité. La dernière, la « grande charte », datée de 1343, aurait assurée l’avenir économique de Pérouges.
Le château, dont il ne reste rien et qui était situé à l’emplacement de l’actuel institut Orcel, est un lieu de pouvoir du comte de Savoie relayé par ses agents. Le marché hebdomadaire est le seul marché régulier du secteur. Les textes reflètent la part importante du commerce et de l’agriculture où les prés et les étangs forment les biens les plus échangés, actes de ventes passées devant les offices notariaux du bourg. Cette relative prospérité dont témoigne la splendide église Sainte-Marie-Madeleine est permise aussi grâce à un contexte plutôt paisible, juste bousculé par le fameux siège de 1468. En effet, les habitants de la cité, alors savoyarde, se sont opposés aux Dauphinois. Seul village à avoir résisté, ce fut le fait d’arme le plus important de Pérouges, aujourd’hui commémoré sur la porte d’en Bas : « Pérouges des Pérougiens, ville imprenable, les coquins de dauphinois ont voulu la prendre mais ils ne purent. Cependant ils emportèrent les portes, les gonds et les ferrures et dégringolèrent avec elles. Que le diable les emportent ». Suite à cet évènement, Philippe de Savoie, en août 1469, a récompensé Pérouges pour la défense de la cité, en l’exemptant, pendant vingt ans, de tout impôt, ce qui favorisa sa prospérité.
La fin du XVe siècle voit aussi un contexte nouveau avec les foires de Lyon qui redynamisent économiquement la région. C’est à ce moment là que le tissage du chanvre va prendre son importance dans une bonne partie du département de l’Ain, et la dépendance économique envers Lyon s’affirme alors, confirmée par la première occupation française de 1536 à 1559.
En 1559, Pérouges et une grande partie de l’Ain redeviennent savoyards pour 40 ans mais les choses changent. Le duc se sépare de la châtellenie qui devient une baronnie, le rôle administratif de Pérouges commence à diminuer, même si un des premiers barons reste une personnalité de premier ordre : le jurisconsulte Antoine Favre (1554-1624) qui fut un des premiers personnages de l’Etat savoyard. Ses enfants, dont le grammairien Vaugelas s’illustrèrent aussi, En 1585 est né à Pérouges, au château de la Rouge, Claude Favre de Vaugelas. Anobli par les ducs de Savoie, il prit le particule de de Vaugelas, et devint le Baron de Pérouges. Célèbre grammairien, il fut chargé d’élaborer un dictionnaire ainsi qu’une grammaire et devint l’initiateur d’un code langagé, siècle où le français moderne est né. Il publia en 1647 le célèbre ouvrage « Remarques sur la langue française ».mais Pérouges vit peu leur action, tandis que Meximieux gagne en importance.
En 1601, Pérouges fut définitivement rattachée au Royaume de France par le traité de Lyon.
Au milieu du XVIIIe siècle, la route principale se déplace au niveau de l’actuelle D184 et profite encore plus à Meximieux.
La Révolution française précipite les choses avec la fin des privilèges. Pérouges perd son marché au profit de Meximieux. et la restauration du village ce même siècle par l’action du comité de sauvegarde et de conservation du Vieux Pérouges. C’est cette action qui marque de son empreinte l’aspect actuel du village, avec le choix des galets bien en vue et qui fit du village un lieu de tournage apprécié, contribuant à le rendre célèbre et une image iconique.
Le XIXe siècle voit le déclin de Pérouges pour différentes raisons : l’industrie, le détournement de la route, et plus tard le chemin de fer, … La cité est désertée, les foires et marchés ont disparu.
La crise du tissage du chanvre achève de déclasser le village avec les conséquences que l’on connaît : les maisons qui s’écroulent au début du XXe siècle.
Conservée dès 1911 par l’administration des Beaux-Arts sous l’égide du président Edouard Herriot et le Comité de Défense et de Conservation du Vieux Pérouges, la cité de Pérouges sortit de l’impasse et le bâti fut progressivement restauré. La crise du tissage du chanvre achève de déclasser le village avec les conséquences que l’on connaît : les maisons qui s’écroulent au début du XXe siècle
En août 1988, Pérouges est devenue un des Plus Beaux Villages de France. La cité est un site patrimonial protégé, jouissant d’une grande notoriété, et accueille aujourd’hui des centaines de milliers de visiteurs venus du monde entier.